Cinq poules et un coq
Des solutions durables contre la faim en période de sécheresse
Le Kenya, dont 80% des terres sont arides et semi-arides et connues pour leur faible productivité agricole, fait face à une insécurité alimentaire exacerbée par le changement climatique et la variabilité des précipitations. Par ses projets, Vétérinaires Sans Frontières Suisse soutient les communautés touchées au Kenya depuis l’année 2000.
Le comté d’Isiolo, situé dans la partie Est supérieure du pays, est principalement occupé par des communautés pastorales et agropastorales dépendant largement de l’élevage. Ces régions sont particulièrement vulnérables aux répercussions du changement climatique. Entre 2017 et 2023, des sécheresses sévères ont entraîné une dégradation des ressources, des pertes de bétail, des baisses de rendements agricoles et une augmentation de l’insécurité alimentaire, alimentant aussi des conflits entre les communautés pour l’accès aux ressources.
Le projet DRIC
Pour répondre à ces défis, le projet « Building Drought Resilience in Isiolo County through Sustainable Livelihoods » (DRIC) a été mis en œuvre par VSF-Suisse avec un consortium d’ONG implantées dans la région. Ce projet, lancé en 2019 et achevé en mars 2024, visait à fournir un appui social et technique aux éleveurs nomades et agropastoraux, couvrant la production de fourrage, l’élevage ou encore le soutien vétérinaire.
L’importance de l’élevage dans la région est démontrée par une enquête menée en mars 2024 : sur 467 ménages bénéficiaires, 399 (85%) étaient impliqués dans l’élevage. Les interventions ont été complétées par des mesures de renforcement des capacités, d’autonomisation économique et de diversification des moyens de subsistance pour renforcer la résilience face à la sécheresse et améliorer la sécurité alimentaire. Le projet a collaboré avec 5 218 ménages pastoraux et agropastoraux, soit environ 30 000 personnes.

L’agroécologie comme solution
L’agroécologie a joué un rôle clé dans la réussite du projet, aidant les ménages à adopter des pratiques durables pour améliorer leur sécurité alimentaire et nutritionnelle. Une enquête menée auprès des ménages bénéficiaires du projet a relevé que le taux d’insécurité alimentaire est passé de 73 % en 2021 à seulement 16 % en 2023, soulignant l’impact significatif du projet.
Parallèlement, les formations sur la gestion du bétail ont permis de mieux traiter les maladies en collaboration avec le bureau vétérinaire du comté. Cela a permis de vermifuger et de vacciner près de 90 796 animaux, améliorant ainsi la santé des troupeaux et augmentant la production laitière. Cette augmentation d’approvisionnement en lait, de plus que la possibilité de produire de la viande et de vendre des animaux pour acheter d’autres produits alimentaires, a permis aux ménages de diversifier leur alimentation.
Cela a contribué à la réduction de malnutrition maternelle et infantile des ménages participants. Entre 2019 et 2024, la supplémentation en vitamine A, cruciale pour la croissance et le développement des enfants ainsi que pour la santé des mères, est passée de 67 % à 95 % chez les enfants de 6 à 11 mois et le taux de ménages présentant un niveau de consommation alimentaire déficient est passé de 23,9 % à 5 % entre 2023 et 2024.
Le gouverneur adjoint d’Isiolo, Dr James Lowasa, a exprimé sa gratitude à VSF-Suisse : « En tant que gouvernement, nous sommes reconnaissants envers VSF-Suisse pour l’excellent travail accompli afin d’atténuer les conséquences de la dernière sécheresse sur les moyens de subsistance de notre population ». Les approches agroécologiques, telles que l’intégration de l’élevage avec la production végétale et la transition vers des systèmes agropastoraux, encourageant des pratiques comme l’aviculture, ont renforcé la sécurité alimentaire et nutritionnelle et ont permis aux communautés d’être plus résilientes face aux défis climatiques, notamment les sécheresses fréquentes.

Le témoignage d’un réel impact
L’encouragement à l’aviculture est un exemple concret de l’impact positif du projet sur les moyens de subsistance des participants. Alors qu’en 2020, seuls 20% des ménages élevaient des poules, ils étaient 38% en 2024. Les participants ont initialement reçu cinq poulettes et un coq, ce qui leur a permis d’augmenter leur stock à environ 100 poulets.
Irene Wangoi témoigne : «J’admire l’élevage de volailles depuis mon enfance. VSF-Suisse m’a aidé en me formant à l’élevage de poulets et en me donnant des compétences commerciales. Afin de relever le défi du coût élevé des aliments pour animaux, j’ai commencé l’élevage de mouches soldats noires pour compléter l’alimentation des poulets. La réaction des oiseaux à ces aliments a été positive, avec une croissance plus rapide des poussins, une amélioration du poids corporel et du pourcentage de ponte.»

Irene met en œuvre plusieurs pratiques agroécologiques, telles que démontré par une étude de la Haute École des Sciences Agronomiques, Forestières et Alimentaires : gestion efficace et économe de l’eau pour l’irrigation, diversification des cultures et intégration de l’élevage avec la production de cultures. Elle pratique l’agriculture hydroponique pour l’orge, l’azolla et d’autres céréales afin de nourrir ses poulets et utilise les larves de mouche soldat noire comme complément alimentaire.
Ces innovations lui ont permis de devenir financièrement indépendante. L’impact du projet DRIC se manifeste à travers des cas concrets comme celui d’Irene, illustrant comment des approches agroécologiques peuvent renforcer la résilience aux sécheresses et améliorer la gestion du bétail, contribuant ainsi à une sécurité alimentaire durable.
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